Le 03 juillet 2023
56 cliniciens et chercheurs et 75 associations de 6 pays dont SOS MCS ont soumis une demande à l’OMS ce mois-ci pour inclure la sensibilité chimique multiple dans le système de codage de la CIM-11, selon la Coalition CONFESQ des associations de patients.
La sensibilité chimique, également connue sous l’acronyme SQM en espagnol ou MCS en anglais, est une pathologie chronique et qui survient en réponse à l’exposition à des substances toxiques et à des composés chimiques nocifs pour la santé. L’exposition à des substances telles que les parfums, les gels pour le bain, les produits de nettoyage, la fumée de tabac détériore leur qualité de vie. C’est pourquoi ils ne peuvent pas mener une vie normale. Tout événement social, professionnel ou familial est écourté du fait de souffrir de cette pathologie. La routine des patients atteint de MCS est interrompue lorsque, par exemple, les coiffeurs sont obligés de quitter leur travail en raison d’une exposition au laques, où les agriculteurs ne peuvent pas continuer leur travail en raison du contact avec les pesticides.
La candidature soumise au CIE-11, dans la section « Etats allergiques ou d’hypersensibilité » consiste en un document scientifique par la Fondation Alborada sous la direction du Dr Pilar Muñoz Calero, directrice de la chaire espagnole extraordinaire de pathologie et d’environnement de l’Université Complutense de Madrid et présidente de la Fondation Alborada. Et aussi d’un document social, rédigé par la CONFESQ, la coalition nationale qui représente les associations de patients atteints de MCS.
Pour l’élaboration du document scientifique, les études déjà examinées et compilées dans l’un des ouvrages les plus rigoureux de toxicologie ont été utilisées : « General and Applied Toxicology », 3e édition, dans son chapitre 92 : MCS : « Toxicological Questions and Mechanism », écrit par le Dr ML Pall, il consacre 50 pages avec plus de 280 références à l’explication détaillée et bien fondée des principales caractéristiques de la sensibilité chimique multiple et d’autres maladies apparentées, et introduit, par rapport aux autres écrits, la description des mécaniques étiologiques : sensibilisation neuronale préalable, activation du cercle vicieux biochimique NO/ONOO, influence de certains groupes de toxines NMDA, entre autres.
Les études les plus intéressantes en référence aux polymorphismes génétiques associés au MCS, au rôle joué par la métabolisation des xénobiotiques, à l’influence d’une charge toxique élevée et d’un statut nutritionnel faible ont également été prises en compte pour l’élaboration de ce document de l’individu, ainsi que d’autres écrits de référence de l’American Academy of Environmental Medicine et de l’European Academy of Environmental Medicine.
Ce document met en évidence la multitude de publications scientifiques indépendantes rigoureuses qui existent sur la sensibilité chimique multiple depuis de nombreuses décennies maintenant, qui n’ont jamais été réfutées ou contestées. Cette documentation doit être utilisée comme référence dans l’étude de la maladie et dans le traitement des personnes atteintes.
De son côté, le document social élaboré par les associations de patients fait référence à la terrible situation des personnes touchées et à leur besoin de faire connaître leur maladie aux professionnels de santé, pouvant accéder à un diagnostic rapide et à l’orientation et aux traitements nécessaires. Il fait également référence au fait que cette pathologie est connue et officiellement dénommée ainsi dans divers pays comme l’Espagne, l’Allemagne, l’Autriche, la Suisse, le Luxembourg, le Danemark ou le Japon.
Ces documents, dans leur ensemble, ont été signés par 56 médecins et chercheurs d’Espagne, de France, de Belgique, d’Italie, du Mexique, des États-Unis et du Canada, ainsi que par 75 associations de patients (dont SOS MCS).
La reconnaissance du MCS dans la CIM-11 signifierait une catégorisation globale et avec cela, il serait possible pour les personnes concernées d’avoir un meilleur diagnostic, un traitement, des adaptations à leur environnement et par conséquent une meilleure qualité de vie. De même, au niveau médical et scientifique, les professionnels de la santé auraient plus de ressources et de connaissances sur cette pathologie et des recherches indispensables seraient encouragées à en savoir plus sur son étiologie, ses symptômes et ses effets.
Experts et patients espèrent que l’OMS acceptera et mettra en œuvre cette proposition. Ils ont travaillé pendant un an pour présenter une base solide acceptée par la communauté scientifique.