Pour un GIEC* de la santé environnementale

Article paru dans le journal nº 98 

Clara Delpas  rédigé le 07 février 2022 à 11h53

Produits chimiques

Le 3 février 2022, le comité inter-associatif pour la santé environnementale (CISE) annonçait à la presse le lancement d’une pétition citoyenne « Bonne santé, bonne année ! » réclamant que la « bonne santé » devienne un vrai objectif politique. Il veut interpeller sur ce sujet les candidats à la présidentielle.

Cela fait des années qu’on en parle, et sans doute aujourd’hui plus que jamais : la santé environnementale devrait être la préoccupation de tous. Côté associatif, la mobilisation bat son plein, avec pas moins de 50 associations adhérentes du CISE créé fin 2020 à l’initiative du réseau environnement santé (RES) : jeunesmedecins.fr, SOS MCS, Priartem, WECF, ITAWA, Greenpeace, Association santé environnement France, E3M, Sciences citoyennes, Générations futures, C2DS… autant d’acteurs qui œuvrent déjà depuis longtemps sur cette question et ont déjà pesé sur certaines décisions ; à l’instar du RES qui, rappelle son fondateur André Ciccolella « a été en 2009 à l’origine de l’interdiction du bisphénol A dans les biberons »

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De très grandes ambitions

Le CISE voudrait être à l’origine d’un « big-bang », autrement dit rebattre les cartes pour mettre la prévention santé au centre des politiques publiques, tant à l’école qu’au travail. Il voudrait la création d’un « ministère de la santé environnementale », d’un groupe de recherches indépendant pour la santé environnementale (sur le modèle du GIEC pour le climat), d’un registre des cancers, notamment pédiatriques, afin d’identifier les contextes plus particulièrement à risques. Sans oublier la formation obligée des médecins à la santé environnementale, ou encore des actions de sensibilisation en milieu scolaire et étudiants…

Des ambitions qui se heurtent pour l’instant à une indifférence apathique quasi générale des médias et de l’opinion publique, évidemment plus préoccupés par la crise sanitaire que par le fait que, par exemple, les néonicotinoïdes viennent exceptionnellement d’être réautorisés pour la saison betteravière, que nous continuons de manger du blé perfusé au glyphosate, que les microplastiques polluent désormais jusqu’à l’air pur de nos montagnes ou que, enfin, la cinquième limite planétaire (celle des polluants chimiques) vient d’être franchie…

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Et on ne peut que leur souhaiter de trouver le relais qu’ils méritent pour convaincre les politiques d’agir. Le jour de leur conférence de presse, le 3 février, seuls 4 journalistes, sur les 2 000 qui avaient été invités à la rejoindre en présentiel ou sur zoom, ont pris la peine d’y assister !

* GIEC : groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat

La pétition :

https://agir.greenvoice.fr/petitions/nous-voulons-vivre-en-bonne-sante-sur-une-planete-saine